En 2002, naît le projet d’organiser un Festival Voix de Femmes à Agadez, au Niger. Il s’agissait de réunir des voix de femmes de la région et de la sous-région, de toutes ethnies et cultures, autour du fil rouge de l’indivision. Ce projet ne s’est pas réalisé mais il a permis à des artistes totalement inconnues en Europe de participer au festival en Belgique.
L’histoire commence au Mali, en 1994, lorsque Manuella Varrasso découvre un groupe de musiciennes touarègues. La région est en conflit, une partie du groupe est réfugiée dans un camp en Mauritanie, mais nous parvenons à les inviter au 3è Festival Voix de Femmes, à Liège, en décembre 1995. Tartit donne son premier concert international sous le chapiteau du Palais des Glaces, y laissent un souvenir impérissable et sont sélectionnées pour le MASA d’Abidjan. Elles entament ainsi une carrière qui les place aujourd’hui au rang des groupes historiques des Musiques du Monde.
On le sait : pour les nomades, les frontières sont poreuses et pour les passionnés, la culture touarègue est un horizon qui se déplace toujours plus loin.
Nous passons donc au Niger où Alain Kazinierakis a entendu parler d’Hadjo Emeni, musicienne légendaire de l’Aïr. Elle vit à Agadez, c’est là que nous la rencontrons et que nous viendrons de plus en plus souvent nous réfugier, écouter son histoire, écouter sa vie. Hadjo joue de l’inzad, le violon traditionnel qui contient toute la culture touarègue. Elle est sans doute la « dernière » joueuse d’inzad. Immensément respectée par les siens, elle a également joué à la cérémonie des accords de paix à Ouagadougou en 1994.
Hadjo Emeni a participé au 4e et au 5e festival (1997 et 2000). Deux autres groupes, Tidawt et Ineren, venus également de la région d’Agadez, ont participé au 5è et 6è festival (2000 et 2002).
Voix de Femmes a enregistré Hadjo Emeni dans l’Aïr : un enregistrement sublime, inédit à ce jour. A suivre.