Abonnez-vous, qu'elles disaient!

De proches en proches, vol. 1 : (S')enflammer.

Une fois par mois, la newsletter mensuelle de l'équipe rassemble une sélection tout à fait arbitraire et subjective, toutes disciplines confondues, élaborée à partir d’un mot-clé.

Le premier, “(S’)enflammer”, est apparu il y a plusieurs semaines. Depuis, des villes entières ont concrètement pris feu. Un peu partout on s’oppose et/ou on apprend, on engueule et/ou on débat, on attaque et/ou on se défend. Plus encore que d’habitude, les personnes racisées luttent pour faire entendre et respecter leurs expériences et, tout simplement, leurs vies.  

On a donc décidé de consacrer cette première parution à une sélection non exhaustive d’artistes noires - invisibilisées parmi les invisibilisées - qui ont le feu sacré.

 

La sélection :

Nora Chipaumire

La chorégraphe zimbabwéenne défie les stéréotypes de l’Afrique, du corps noir performant, de l’art et de l’esthétique. 
Un spectacle = un coup de poing = un coup de coeur. 
Explorez-les sur le site de sa compagnie.

Simone Leigh 

Cette artiste pluridisciplinaire a fait de l'expérience des femmes noires l'élément central de sa pratique, qu'elle qualifie d'« auto-ethnographique ». En 2016, à l'occasion de son exposition The Waiting Room consacrée à la notion de médecine en Afrique et au sein des diasporas africaines, elle rassemble une centaine d'artistes noires pour lancer Black Women Artists for Black Lives Matter
À la croisée du soin et de l'action, de l'invisibilité et de la visibilité, de l'autodéfense et de l'autodétermination, du désir et des possibilités : le collectif rendre visible - pour mieux les déboulonner, l'omniprésence des discriminations racistes dans les sociétés occidentales.
On vous recommande aussi son compte Instagram.

Audre Lorde 

Dans le recueil “Sister Outsider”, nous découvrons la richesse du regard de l’autrice Audre Lorde, la puissance de ses mots et de sa sensibilité. (Re)lire Sister Outsider, presque 30 ans après sa parution, encourage à agir, à se réveiller, à quitter la peur et à sortir du silence. À se lier à son corps, à son feu intérieur, autant qu’à s’allier.  “Car ce ne sont pas nos différences qui nous immobilisent mais notre silence. Et tant de silences doivent être brisés !” Brisons ces silences pour mieux nous enflammer.

Lisette Lombé

Slam, collages, performances, conférences : l’artiste liégeoise Lisette Lombé habite la poésie sous toutes ses formes. Elle est également l’une des fondatrices du collectif de poétesses L-Slam.

Je suis une Bettie Page postcoloniale.
Une Vénus nègre aux lignes extravagantes
Ayant fait exploser
sa ceinture de bananes
à la face de ses anciens maîtres.

L’oeil fauve,
je culbute tes réflexes de missionnaire blanc
et je trempe ma poitrine garçonne
dans la salive de tes préliminaires.
Sous ce téton pointu,
c’est un coeur libre que tu mordilles.

“Un coeur libre”, extrait du recueil “Black Words” (Maison de la poésie d’Amay, 2018).

Laura Nsafou

A l'automne dernier, l'autrice et militante afroféministe Laura Nsafou répondait à notre invitation pour dé/construire la diversité des représentations dans la littérature et faire découvrir au jeune public liégeois son premier album : « Comme un million de papillons noirs ». Très attendu, « Le Chemin de Jada » a suivi cette année. Illustré par Barbara Brun, ce conte autour du colorisme ouvre les portes de la réconciliation et l'acceptation de soi, encore (trop) peu courante en littérature jeunesse. 

Laura Nsengiyumva

L’artiste belge Laura Nsengiyumva questionne les narrations dominantes qui gravitent autour des traditions populaires et des figures identifiées comme historiques. Ses interventions et performances (1994, Queen Nikkolah) invitent à réfléchir à d’autres possibles/points de vue de l’Histoire, à la décoloniser les mentalités en même temps que l’espace public. 

Il y a deux ans, elle proposait pour la première fois dans les rues de Bruxelles “PeoPL”, une installation interrogeant la place occupée par la figure de Léopold II dans l’espace public. Une statue du monarque est reproduite à l’identique et présentée renversée sous les yeux des spectateurices pendant plusieurs heures. Ce long processus, doublé d’une installation vidéo, sert d’accroche à différentes réflexions autour de la révolution, du rapport au temps, de la transmission des versions de l’histoire et de ce qui est perçu comme immuable. Il rend palpables l’éloquence des présences - et des absences - dans l’espace public, et l’influence qu’elles exercent sur nos imaginaires collectifs.