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De proches en proches, vol. 12 : Récolter

« De proches en proches », la newsletter des recommandations arbitraires de l’équipe, a déjà un an ! Et c’est la dernière… Oh bien sûr, on pourrait continuer comme ça toute la vie. Mais on a d’autres bougies sur le feu : du 14 au 30 octobre prochain, le festival Voix De Femmes fêtera ses 30 ans à Liège ! Donc on vous parlera encore d’artistes et de projets qui font battre nos cœurs. Mais cette fois, en plus, on vous attendra devant les scènes (les murs, les écrans, les tables, les étagères, les bars, ...).

En attendant, c’est parti pour notre dernière sélection à mot-clé : récolter. Avec huit artistes et penseuses qui utilisent les mots comme des outils, les sons comme des graines, le toucher comme un champ à explorer. Qui invitent à magnifier nos épis.

Et pour la deuxième fois, grâce à Bela - la plateforme en ligne qui valorise “nos” auteur·ices, en littérature mais aussi dans les domaines de la création sonore, de l’audiovisuel, du spectacle vivant et du multimédia -, une création originale intègre notre sélection. « De proches en proches » se clôture donc sur l'interprétation de Bihua Yang, en toute quiétude.

Bihua Yang
— La sélection de Bela

Artiste et graphiste, Bihua Yang vit entre Taipei et Bruxelles et explore la gestuelle du corps et du mouvement. Elle est membre du collectif Cuistax et elle collabore régulièrement à la création de fanzines pour enfants. Mystérieuses, ses illustrations colorées sont à base de crayon, d’acrylique et de peinture à l’huile sur papier ou sur toile et invitent à la contemplation de la nature. 

→ Les 4 planches réalisées sur le thème de notre newsletter sont à découvrir ici.

Charlotte Diament
— La sélection de Lara

Formée en histoire contemporaine et en analyse des arts de la scène à l’ULB, la réalisatrice Charlotte Diament est très impliquée dans la vie du quartier où elle a grandi, dans la commune la plus pauvre de Belgique, Saint-Josse-ten-Noode à Bruxelles. Au quotidien, elle y observe les héritages et les brassages politiques, culturels et générationnels : une thématique qu’elle explore dans son premier documentaire, « Les Héritières » (2021). Avec ce film dont le titre fait écho à celui réalisé par sa mère Marie-Hélène Massin en 1997, « Petites filles », elle observe les évolutions (ou involutions) opérées. S’y entrecroisent quatre parcours de femmes d’une même génération, des identités qui se questionnent dans un contexte politique et social incertain. Le récit intime sème ainsi ses graines, les formes artistiques se répondent et déclinent un même thème : les petites histoires d’une amitié qui rejoignent la grande histoire belge du multiculturalisme.

→ Elle en parle ici.

Paola Tabet
— La sélection de Morgane

L’Anthropologue italienne Paola Tabet est l’une des représentantes les plus importantes de l'anthropologie féministe et du féminisme matérialiste. Elle a exploré tout au long de ses recherches les questions de la reproduction et les limites auxquelles les femmes sont confrontées. Dans « Les mains, les outils, les armes » (1979), elle a réalisé une étude comparative pour développer l’hypothèse selon laquelle il y a un sous-outillage des femmes et un monopole masculin des outils « avancés ». Cette « division socio-sexuée du travail » amène les hommes à contrôler la production des outils et des armes les autorisant ainsi à exercer une forme de violence envers les femmes et à les maintenir dans une situation de dépendance, forcées à s’adapter à leur propre sous-équipement. Une pensée qui déconstruit l’« évidence » de la répartition complémentaire entre les hommes et les femmes et souligne la dimension politique de ces rapports. 

→ Voici une courte interview pour mieux saisir le propos.

Yushi Li
— La sélection de Mélanie

Originaire d’Hunan en Chine mais installée à Londres, la photographe Yushi Li se présente comme une « femme chinoise qui prend des photos d'hommes occidentaux nus ». Avec son projet « My tinder boys », l'artiste collecte les images d'hommes rencontrés sur Tinder et inverse notre rapport sexiste et stéréotypé à l’image. En se positionnant dans l'image aux côtés de corps nus masculins, elle développe une réflexion sur le regard et les relations de pouvoir qui en découlent ; questionne le désir, le genre et la sexualité. Par les rencontres intimes qu'elle crée, elle interroge les manières de mettre en scène l'intimité et l'érotisme, ainsi que le male gaze dans l'histoire de l'art. Une réflexion qui n’est pas dénuée d’humour et qu’elle poursuit au travers du projet « Your reservation is confirmed ».

→ Ses photographies sont à voir ici.

Notre corps, nous-mêmes
— La sélection de Camille

Paru pour la première fois aux États-Unis en 1973 et rédigé par un collectif de femmes, « Notre corps, nous-mêmes » a depuis été traduit en 35 langues. En 2016, les autrices Mathilde Blézat, Naïké Desquesnes, Mounia El Kotni, Nina Faure, Nathy Fofana, Hélène de Gunzbourg, Nana Kinski & Yéléna Perret décident de se réunir pour remettre à jour ce véritable manuel de santé féministe. Avec les 400 témoignages qu’il réunit, il accompagne ainsi les femmes dans les différentes expériences de leur vie (règles, sexualités, accouchements, ménopause, prise de conscience de son corps, choix de vie, travail...) et les aide à se défendre contre les injonctions et les violences patriarcales dans la sphère intime, institutionnelle et/ou publique.

→ Le projet est à découvrir juste là.

Àgnes Dénes
— La sélection de Cécile

Les œuvres de la poétesse et artiste conceptuelle hongroise Àgnes Dénes se rattachent au land art et à l’écovention, et modifient en profondeur l’environnement où elles s’inscrivent, qu’il soit urbain ou naturel. Champ de blé au pied de New-York ou rizière près des chutes du Niagara : ses œuvres conceptuelles s’admirent à grande échelle et soutiennent un discours politique, écologique et social. Forcée à déployer sa pratique en solitaire - faute de soutien de ses pairs masculins - elle a élaboré une véritable pensée philosophique de l’intériorité, rassemblée dans l’ouvrage Isometric Systems in Isotropic Space (1979).

→ Des œuvres à explorer juste ici.

Elizabeth Stephens & Annie Sprinkle
— La sélection d'Élise

Artistes et penseuses queers américaines, Elizabeth Stephens & Annie Sprinkle ont toutes deux développé l'écosexualité, une forme radicale d’activisme écologique qui prône un rapport amoureux à la nature plutôt que maternel. Elles encouragent à en prendre soin au lieu de l’exploiter et ont déjà organisé 14 mariages à travers les États-Unis. Pour ce projet humoristique et saugrenu, elles s’aident de performance artistique et éduquent à la sexualité positive. Elles sollicitent ainsi les sens et le toucher tout en encourageant un rapport à la sexualité plus écologiques et moins brutal.

→ Leur manifeste et leurs projets sont à lire sur leur site internet.

Claudie Marcel-Dubois & Maggy Pichonnet-Andral
— La sélection d'Émilie

Les deux ethnomusicologues françaises ont arpenté la France pendant 40 ans munies d’un enregistreur à la main, de carnets et d’appareils photos. Elles ont ainsi collecté quantité de musiques et de chants de tradition orale. Ces enquêtes de terrain, enregistrées sous forme d'entretiens, sont des témoins privilégiés des langues régionales et d'histoires diverses. Elles permettent aussi de garder des traces très complètes des instruments de musique et de leur fabrication. Un travail mis à jour avec le projet « Les Réveillés » mené par l’ethnomusicologue Marie-Barbara Le Gonidec, l’historien François Gasnault et la documentaliste Florence Neveux.

→ La journaliste Aliette de Laleu en parle dans une très chouette chronique à écouter ici.

 
 

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Agnes Denes, Wheatfield – A Confrontation Battery Park Landfill, Downtown Manhattan, Summer, 1982, collection particulière
Agnes Denes, Wheatfield – A Confrontation Battery Park Landfill, Downtown Manhattan, Summer, 1982, collection particulière
Paola Tabet à propos de son texte « Les mains, les outils, les armes » publié en 1979

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Claudie Marcel-Dubois recueille un témoignage
Claudie Marcel-Dubois recueille un témoignage

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Elizabeth Stephens & Annie Sprinkle
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Récolter — Bihua Yang (2021)
Récolter — Bihua Yang (2021)

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Couverture de la réédition de « Notre corps, nous-mêmes » (2020)
Couverture de la réédition de « Notre corps, nous-mêmes » (2020)
Charlotte Diament présente son film-documentaire « Les héritières » (2021)